3 days ago
Macron veut développer la réserve militaire et mobiliser les jeunes
« Jamais sans doute notre liberté n'a été si menacée » a déclaré ce dimanche soir, à la veille de la Fête nationale,
Emmanuel Macron
. « Nous devons accélérer les efforts sur notre réserve. On doit donner à la jeunesse un nouveau cadre pour servir », a-t-il lancé. Des mesures que le chef de l'État détaillera cet automne.
Le service militaire, suspendu en 1997, ne fera pas son retour. Du moins pas sous une forme obligatoire. Il pourrait être basé sur le volontariat. Il n'existe plus aujourd'hui qu'une obligation de recensement ainsi que
la journée défense et citoyenneté (JCD)
.
« Une génération et demie n'a pas fait ou pas connu le service militaire. C'est une parenthèse dans l'histoire qui s'est ouverte avec la chute de l'URSS et qui se referme aujourd'hui. La génération précédente avait connu la guerre d'Algérie puis un engagement sur plusieurs terrains à l'étranger », détaille Guillaume Lasconjarias, historien militaire et professeur associé à Sorbonne Université.
Il concernait à l'époque 400 000 hommes par an, la totalité d'une classe d'âge masculine (l'obligation a toujours concerné uniquement les hommes). À partir de 1970, il durait un an.
Le contexte géopolitique conduira-t-il à recréer une forme de service militaire ? « Aujourd'hui, il faut permettre aux armées de disposer d'
une force additionnelle dont nous pourrions avoir besoin
en cas de crise. Le service militaire crée un sentiment d'appartenance mais ce n'est qu'une conséquence. La conscription garantie que vous disposez d'une réserve d'hommes formés et aptes qui peuvent être déployés sur le sol national ou à l'étranger en cas de conflit », décrit Guillaume Lasconjarias.
La France n'est pas la seule à renforcer son armée.
Plusieurs pays d'Europe s'interrogent
sur un retour d'une conscription. C'était le cas au Royaume-Uni l'an dernier. La Suède, elle, y est revenue en 2022.
« Il y a un paradoxe aujourd'hui :
l'armée a une bonne image de marque
mais ses métiers sont peu connus. Sensibiliser les jeunes Français aux armées et à la défense militaire pourrait contribuer aux recrutements », ajoute l'historien.
Le ministère des Armées avait déjà annoncé ce printemps vouloir augmenter le nombre de réservistes. Au 31 décembre 2024, il s'élevait à 43 794. Il doit atteindre 105 000 d'ici à 2035, soit un ratio d'un réserviste pour deux militaires d'active.
Un objectif atteignable grâce aux jeunes ? Guillaume Lasconjarias veut y croire. « Après
les attentats de novembre 2015
notamment, il y avait eu un regain d'engagement dans la réserve. Mais tous les jeunes intéressés n'avaient pas eu de réponses appropriées », soutient-il. L'armée avait en effet reçu à l'époque un nombre record de candidats à l'embauche.
Reste à savoir quels seront les contours du dispositif et notamment le budget dont il disposera.
Le Service national universel
expérimenté en 2019 disparaîtra, quant à lui, cette année. La généralisation prévue pour 2026 aurait coûté entre 3,5 et 5 milliards d'euros par an,
selon la Cour des comptes
.